COULEURS-DE-LA-VIE

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Cueillir avec le peuple des Arbres…

La forêt nous appelle.

Elle nous parle de ces mille voix du peuple des arbres.

Elle éveille en nous quelque chose de sauvage,

cette part de nous-mêmes qui est sensible

     à ce langage des arbres.    

Stéphane Boistard.

Les Images sont cliquables

               Traditionnellement, les villes & villages étaient ouverts à ces mondes-là. Autour des foyers, cœurs de l'habitat, il y avait des jardins & vergers, la nature domestiquée. Puis venaient les champs & pâtures pour ces animaux qui nous nourrissaient. Au-delà de ces espaces apprivoisés, la lisière de la forêt marquait la porte vers le monde sauvage, cet endroit où l'on allait chercher les plantes qui soignent et l'apaisement loin des tracas humains.

"Sylves" et plantes "sylvestres" ont donné naissance au "sauvage".

Que reste-t-il de cette vie forestière ? Peu de choses. Le dialogue semble rompu. L'arbre est évalué pour sa production de bois et la forêt s'aménage pour la promenade touristique ou le circuit de vélo.

Pourtant, quelques gardiens veillent, ils écoutent le champ de l'arbre et le murmure des sylves. Ils respirent avec les arbres. Ils nous rappellent que voir un arbre se faire abattre touche notre cœur car il y a quelque chose de familier, un lien qui nous lie au peuple des arbres.

Ces gardiens maintiennent la relation au peuple des arbres et cueillent ce que la forêt offre généreusement : remèdes de bourgeons, élixirs de fleurs, huiles pour masser, feuilles de baies pour enrichir nos assiettes de vitalité. Ils nous rappellent que cueillir dans la forêt est accessible à tous et procure à ceux qui franchissent le pas un bienfait vital.

    La cueillette accessible à tous.

Pas besoin d'être botaniste pour reconnaître un arbre car l'identification est assez aisée.

La 1ère étape consiste à définir ce qu'est un arbre. Si nous allons en forêt et que nous touchons une plante dont on peut se suspendre aux branches ou qui est plus grande qu'un adulte, il y a de grandes chances que nous soyons en présence d'un arbre. Un arbre est solide car il possède du bois, il est "ligneux".

La 2ème étape est de se familiariser avec la lecture d'arbres, d'apprendre à les identifier, les nommer, pour pouvoir les utiliser. Cette approche est beaucoup plus aisée et accessible qu'avec les herbacées.

Si la cueillette est un plaisir, voire parfois un art, un minimum de connaissances est requis pour éviter les confusions entre plantes. Ces confusions sont assez rares concernant les arbres.

Assez rapidement, nous apprenons, avec un bon guide ou lors de stages & de sorties, à nous familiariser à une reconnaissance des arbres, à aiguiser notre œil et nos qualités d'observation.

Parmi les confusions à éviter, notons les faux amis châtaigne/marron, pin/sapin, fleur de robinier faux-accacia/fleur de cytise, sureau noir/sureau yèble.

Avant toute cueillette, prenez le temps de déterminer la plante.

Lorsque vous sortez cueillir, vérifiez que vous allez en dehors d'une zone de chasse, en contactant l'Association de chasse locale et les lieux de battues. Par mesure de sécurité, vous pouvez vous munir d'un gilet fluorescent.

Ensuite, veillez à ce que votre lieu de cueillette ne soit pas à proximité d'une zone polluée (eaux d'usine, site d'enfouissement de déchets…).

Finalement, faites attention aux tiques, des conseils précieux sont disponibles sur Internet concernant la prévention & les dangers de leurs piqûres.

    De l'identification à la familiarité.

Aller reconnaître des arbres en forêt, c'est renouer avec nos racines de civilisation. C'est récréer ce lien qui nous unit à la Nature. Certains lieux, certaines clairières, certains arbres nous parlent plus. Ces endroits et ces êtres nous apaisent d'autant plus que la relation s'installe. Ce havre de paix, nous pouvons le partager avec notre entourage, nos amis, nos enfants… Ce geste simple, aller en forêt dans un endroit où l'on se sent bien, renforce au fond de nous le sentiment d'amour :  amour de la Nature, amour de notre famille… et s'endormir au pied d'un arbre !

     Les grands rythmes.

Aller dans ces endroits, c'est aussi renouer avec les grandes respirations de la planète, manifestées par exemple dans les saisons.

En hiver, l'arbre nous invite à a pprofondir notre intériorité, à nous attarder dans nos foyers, car lui-même vit et approfondit ce qui est caché, sous terre.

Puis au printemps, quelque chose de nouveau & joyeux s'installe, fleurs & feuilles annoncent la vie qui jaillit. Ils invitent à ce moment de vie.

En été, nouveau temps de pause, nouvel inspir. L'arbre se concentre sur ce qui est visible. Il mature et transforme. Il nous dit : "Hé ! Petit homme ! Va donc voir les fleurs, allonge-toi sous mon ombre fraîche, va rire avec tes amis ! ".

Puis l'automne est le temps de retour vers la terre, les graines volent ou tombent, les feuilles viennent protéger le sol d'une couverture pour l'hiver qui s'annonce.

   Les "cueillettes d'arbre" s'accordent avec les rythmes.

En hiver, nous cueillons du bois, ce bois dormant si précieux pour nous abriter et nous chauffer. Dans le monde paysan, c'est le temps de la vannerie & des veillées au coin du feu. La fin de l'hiver s'annonce discrètement : quelques violettes & pâquerettes viennent annoncer le printemps, les arbres commencent à se couvrir de couleurs jaunes & pourpres avec les fleurs de saule et aulnes.

Au printemps, nous cueillons bourgeons, fleurs & feuilles. Par exemple, les bourgeons & jeunes pousses sont les bases des remèdes de Gemmothérapie. Les fleurs de sureau ou de robinier faux-accacia font de délicieuses boissons et les feuilles d'aubépine et tilleul agrémentent les salades alors que les feuilles de bouleau font des tisanes bénéfiques à nettoyer le corps.

En été, c'est le repos, l'ombre fraîche. Mais dès la fin de l'été, les cueillettes reprennent. Les arbres innovent en formes & couleurs avec leurs compagnons végétaux et taillis. La ronce et l'églantier exposent leurs baies alors que les châtaignes et noisettes appâtent les gourmands. Cueillir quelques noisettes, les piler et les mélanger à un miel fraîchement récolté est un délice inoubliable.

   Le livre de la Nature.

Cueillir, c'est ouvrir le livre de la Nature. C'est apprendre à lire dans les feuilles des arbres, c'est laisser nos sens s'émerveiller par ces goûts & parfums nouveaux, c'est le plaisir de garnir les étagères de mille remèdes naturels.

Mais avant de vous précipiter, un dernier conseil. Prenez le temps. C'est une denrée rare de nos jours. Prenez donc le temps de vous asseoir, de respirer avec l'arbre. La cueillette est un art de l'intimité, un art de la relation. Tissez une relation bienveillante avec la Nature. Ainsi, au lieu de "prendre", vous allez recevoir…

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26/09/2010
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