COULEURS-DE-LA-VIE

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L’Homme & l’Abeille.

abeille

 

 

 Aussi loin que remonte la mémoire, l'histoire de l'humanité témoigne de la complicité féconde & universelle entre l'homme et l'abeille.

 

La mythologie.

 

Le Dieu des Dieux, Zeus, fut élevé dans la grotte d'Ida par les nymphes Amalthée et Mélissa (nom qui signifie abeille), et uniquement nourri du lait d'une chèvre et du miel des abeilles. Pour protéger l'enfant Zeus les guerriers Courètes entrechoquaient leurs armes ou frappaient sur des cymbales, ce bruit attirant vers la grotte les abeilles nourricières.

 

Virgile écrit « les abeilles possèdent en elles une parcelle de l'intelligence divine », ce que confirme le philosophe Porphyre lorsqu'il suggère que « l'intelligence a été donnée à la déesse Artémis par la grâce d'une abeille ». Artémis, justement vénérée à Ephèse comme la déesse mère, est entourée de prêtresses appelées melissai (les abeilles) associées à la déesse de la fécondité, Demeter.

 

C'est Aristée, le fils du dieu Apollon et de la nymphe Cyrène, qui enseigna les vertus de l'élevage des abeilles aux hommes, après qu'il se soit épris de l'épouse d'Orphée, Eurydice. Ce fut la naissance de l'apiculture, très présente dans la mythologie grecque.

 

Le 1er travail d'Ulysse, de retour à Itaque après son Odyssée, ne fut-il pas… de compter ses ruches !

 

Dans cette mythologie, l'abeille est considérée comme une messagère des dieux. Ainsi, la Pythie d'Apollon, célèbre pour ses oracles, fut surnommé l'abeille de Delphes. Elle prédisait l'avenir, et l'apparition d'un essaim était pour elle un signe divin annonçant une victoire à la guerre.

 

Autre mythe célèbre : c'est en déposant du miel sur les lèvres de Pindare & de Platon que les oiseaux des muses (surnom donné par les Grecs aux abeilles) donnèrent à ce poète et à ce philosophe leur immense talent.

 

Un dernier symbole concerne l'abeille dans la mythologie grecque : la virginité & l'amour. Plus d'un millénaire et demi avant Ronsard et son ode à Marie où le poète imagine se transformer en abeille pour courtiser celle-ci, le poète Théocrite écrit : « Je voudrais devenir une abeille, et je pénètrerai ton antre à travers le lierre & la fougère dont tu t'enveloppes ».

 

  "Nesou-byti", mot pour "roi de Haute-Egypte" (roseau), "et de Basse Egypte" (abeille).

 

Les vertus thérapeutiques des produits de la ruche n'avaient pas échappé aux médecins grecs. Nicandre de Colophon cite de nombreuses fois le miel dans son ouvrage Theriaca.

 

Théophraste et surtout Aristote font de même. Celui-ci consacrera un ouvrage entier à l'abeille, le livre IX de son Histoire naturelle !

Quant à l'auteur des Georgiques, le poète Virgile, on le représente toujours en train d'écrire en pleine nature, dans un jardin fleuri, au milieu de ses ruches qu'il entretenait avec minutie. D'innombrables fois, dans ses écrits, il cite l'abeille mellifere qui le protège !

 

Autre mythes.

 

En Inde. L'onction salvatrice de miel est très présente dans la mythologie indienne. Il était habituel que les abeilles déposent du miel sur les lèvres des enfants ou des malades. Les vertus du miel sont décrites dans les textes relatant la vie des cavaliers seigneurs de la lumière, les Açvins du Rigveda, dont le char était d'ailleurs appelé, en sanscrit, Madhavahena (porteur de miel). Ainsi, les dieux hindous Krishna et Vishnu revêtent parfois la forme d'une abeille de couleur bleue posée sur une fleur de lotus.

Ils sont alors désignés comme Madhava (nés du miel).

 

   En Egypte.

 

Dans le panthéon égyptien, alors que le roseau est el symbole de la Haute Egypte, c'est l'abeille qui désigne la Basse Egypte. La figuration de l'abeille précède ainsi toujours le nom des pharaons de Basse Egypte dans les hiéroglyphes.

 

Chez les Hébreux. Dans l'étymologie hébreu il y a une parenté entre la parole (source de connaissance) et l'abeille : Dbure signifie abeille et Dbr veut dire parole. On retrouve la même racine avec Aldébaran, la principale étoile de la constellation du Taureau, représentée associée à une abeille.

 

Chez les Mayas. Chez les Mayas précolombiens de la presqu'île du Yucatan, les divinités principales sont 4 abeilles qui désignent les 4 points cardinaux.

Ces divinités, filles du dieu suprême Muzencabob, supportent la voûte céleste et protègent la terre. L'apiculture est pratiquée par des prêtres dirigés par un grand gardien du miel qui soigne les malades.

 

   St Ambroise patron des Apiculteurs.

 

Au IVe siècle de notre ère, l'évêque de Milan, St Ambroise, va devenir le patron des Apiculteurs car selon la tradition, alors qu'il était un jeune enfant, et très malade, des abeilles bienveillantes déposèrent du miel sur ses lèvres et il fut sauvé.

 

La tradition chrétienne est riche du rôle salvateur des abeilles. Pour prendre un seul exemple, ne dit-on pas que Ste Rita de Cascia accomplit de nombreux miracles, guérissant des cas désespérés, par la grâce d'abeilles qui entrèrent dans sa bouche lorsqu'elle était enfant !

 

Pendant tout le Moyen Age, le bestiaire chrétien Physiologus, empreint de moralisme religieux et d'anthropomorphisme, dépeint les ouvrières comme des filles de l'Eglise et la reine comme la représentante de Dieu sur la terre.

 

   Le symbole de la royauté.

 

Tout naturellement, et peut-être à cause de la nature dominante de la reine dans la ruche, l'abeille va devenir le symbole de la royauté. La ruche est considérée comme un système politique organisé, hiérarchisé, centralisé autour de la reine.

 

Plusieurs auteurs anciens l'ont souligné :

 

« C'est la nature qui a inventé la royauté. On peut s'en convaincre en observant les abeilles, dont la reine occupe la demeure la plus spacieuse, la plus centrale, la plus sûre. La reine diffère des autres abeilles en grandeur et en éclat » Sénèque (De la clémence)

 

« Les abeilles obéissent à leur reine parce que c'est d'elle qu'elles doivent leur naissance. L'hégémonie de la reine est ainsi constitué » Aristote (De la génération)

 

« Grâce à la reine, un seul esprit anime la ruche entière. La reine veille sur tout. Les abeilles la vénèrent. Elles font une cour autour d'elle ». Virgile (Georgiques).

 

   L'abeille est le symbole de la royauté en France. Dans le tombeau du roi Childéric Ier  (mort en 481) on retrouva 300 abeilles en or !

 

Voici une image très forte, pour symboliser l'alliance de la monarchie et de l'abeille : Lorsque Louis XII entra dans la ville de Gênes qu'il venait de conquérir, voulant rassurer la population, il portait un manteau blanc frappé de l'expression célèbre de Sénèque :  « Le roi n'a pas d'aiguillon »

 

La reine des abeilles, non plus, n'a pas d'aiguillon, lequel lui serait bien inutile puisque sa seule activité est de pondre, toute sa vie durant, et ce sont ses ouvrières qui la défendent. Ce même Louis XII, en entrant dans Gênes, tendait un étendard parsemé d'abeilles d'or.

 

Plusieurs siècles plus tard, le consul Bonaparte devenant Napoléon, et cherchant un emblème digne de sa qualité de futur empereur pour broder sur le manteau de son sacre, choit lui aussi l'abeille !



09/06/2008
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