Le convoi de la liberté 2022 ...
Le premier des huit convois « pour la liberté 2022 » est arrivé au matin de ce samedi 29 janvier à Ottawa, accueilli par des milliers de sympathisants protestant avec les routiers contre l’obligation vaccinale.
Combien y aura-t-il finalement de poids lourds pour bloquer la capitale fédérale du Canada ? Combien de temps y resteront-ils ? Plusieurs jours ? Plusieurs semaines ? Les manifestants ne cachent pas leur intention de faire capituler le gouvernement Trudeau sur l’obligation vaccinale mais aussi sur d’autres mesures sanitaires anti-Covid particulièrement drastiques au Canada.
Cette mobilisation protestataire est née de l’obligation vaccinale brutalement imposée par le gouvernement fédéral aux camionneurs transfrontaliers qui en étaient exemptés. Le gouvernement fédéral canadien avait annoncé en novembre que tout transporteur cherchant à traverser la frontière depuis les États-Unis (la plus longue du monde : 9000 km) devrait être vacciné ou soumis à une quarantaine de 14 jours à partir du 15 janvier.
Au total, huit convois sont attendus à Ottawa au cours de la journée de ce samedi.
Le point de rendez-vous est la colline du Parlement, au cœur de la capitale fédérale. Hantée par l’invasion du Capitole à Washington le 6 janvier 2021, la police d’Ottawa est sur les dents. Rien que dans le centre-ville, elle s’attendait à voir déferler quelque 2000 poids lourds et 5000 manifestants. Mais, a prévenu le chef de la police d'Ottawa, les forces de l’ordre sont confrontées à « une situation complexe et qui évolue rapidement ».
C'est le plus vaste mouvement de protestation de l'histoire du Canada et peut-être l’un des plus spectaculaires au monde.
Il bat tous les records de distance, certains convois venant de la côte Pacifique (4360 km entre la Colombie britannique et Ottawa), d’autres du Québec, de longueur des convois (l’un s’est étiré sur quelque 70 km), et de solidarité : les routiers ont été accueillis et nourris par la population tout au long de leur déplacement, des tracteurs se sont joints aux convois ainsi que des camions venus des États-Unis. Les convois atteindraient un total de 100 000 véhicules. Au passage des poids-lourds comme à leur arrivée à Ottawa, les sympathisants brandissent des affiches d’encouragement et de remerciement aux camionneurs.
Le groupe Canada Truckers for Freedom a recueilli plus de 5 millions de dollars canadiens (près de 4 millions de dollars américains) pour payer le carburant, la nourriture et le logement des participants. Le mouvement a été rejoint par des citoyens exaspérés par la rigueur des règles sanitaires. Il a reçu le soutien du milliardaire américain Elon Musk et de Donald Trump Jr., fils de l’ex-président américain, qui a qualifié les manifestants de « patriotes » contre la « discrimination médicale ».
Comme on pouvait s’y attendre, Facebook a d’abord fermé le compte de « Canada Truckers for Freedom », qui comptait plus de 600 000 membres.
Mais il a été réactivé quelques heures plus tard sous le nom de « Convoy To Ottawa 2022 Restart ». Un autre groupe Facebook de soutien était ouvert au même moment en Australie. Quant à la presse française, elle semble découvrir ce matin un événement qui focalise l’attention de médias du monde entier depuis plusieurs jours. La peur d’une contagion protestataire mobilisant des routiers capables de bloquer un pays ou même un continent, n’est sans doute pas étrangère à cette discrétion.
L’Alliance canadienne du camionnage (ACC) avait averti que cette obligation aurait un impact non négligeable sur la chaîne d’approvisionnement : 26 000 des 160 000 conducteurs qui traversent régulièrement la frontière canado-américaine ne sont pas pleinement vaccinés. En outre, des routiers vaccinés se joignent aux non vaccinés pour réclamer la liberté.
Ce qui se passe au Canada « pourrait tout à fait se propager dans d’autres pays », estime Stéphanie Carvin, experte en sécurité et professeure agrégée en relations internationales à l’Université de Carleton.
« Un des éléments clés de ce mouvement contre les mesures sanitaires est qu’il est transnational. » Constatant qu’au sein de l’Union Européenne, « les transporteurs de marchandises sont précautionneusement mis à l’écart de toute mesure », le Courrier des stratèges s’interroge :
« Le transport de marchandises serait-il le talon d’Achille
du grand plan Covid ? »
Philippe Oswald
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