Pervers Narcissique - Emprise
Qu’elle soit en Amour, en Amitié, au travail ou dans la Famille, quels sont les mécanismes de l'emprise ?
Quelles sont les stratégies de manipulation mises en place par le Pervers Narcissique ?
Comment s’en sortir et se reconstruire ?
Quel est le rôle des proches ?
Elle se voit dans tous les milieux et tous les domaines, en Amour comme en Amitié, au travail comme dans la Famille, elle peut toucher tout le monde, quel que soit son niveau intellectuel ou socioprofessionnel et n’est pas une question de genre.
L'emprise est un phénomène redoutable et insidieux. Cette relation de domination, d’instrumentalisation alimentée par la fascination et par la peur aboutit à une destruction de l’estime de soi qui enferme la victime dans son statut et sa souffrance.
Qu’est-ce-que l’emprise ?
Selon Anne-Clotilde Ziegler : « l’emprise, c'est une relation qui s'installe de pouvoir et de domination qui instrumentalise la proie, c'est-à-dire la réduit à l'état d'instrument, la déshumanise et la dévalorise, voire la détruit. C'est une relation de pouvoir et à terme de destruction. »
Et ce mécanisme de l’emprise ne survient pas brutalement. Il se construit en trois phases. Si on parle d’une relation amoureuse, tout commence par une phase de séduction.
Pour la psychothérapeute : « le prédateur use de deux grosses ficelles mais que malheureusement on ne voit pas qui sont d'une part le love bombing : le bombardement d'amour que l'on décrit aussi dans l'entrée dans des sectes. Et d'autre part, l'effet caméléon, ou effet moi aussi, qui va de « tu aimes le cinéma bulgare, moi aussi » à « t'aimes être heureuse, moi aussi ».
Ensuite vient la phase du ferrage que la psychothérapeute décrit comme « ce moment où la proie ne peut plus se défaire de cette relation sans y laisser des plumes. »
Et enfin la troisième phase, celle de la destruction de la victime par le pervers. La proie qui, selon Anne-Clotilde Ziegler « est souvent quelqu'un de tout à fait cortiqué, voire même un peu plus que la moyenne commence à en avoir ras-le-bol, parce que les destructions, les dévalorisations, les dénigrements s'empilent. Elle commence à penser à partir. À ce moment-là, le prédateur, qui a une intuition très fine, voit bien ce qui se passe, et refait un petit coup de séduction. »
Et la proie reste …
La victime s'enfonce, mais le bourreau semble toujours d'un aspect tout à fait charmant à l'extérieur. Et pour Anne-Clotilde Ziegler : « c’est compliqué de discerner quand on est isolé. Alors, soit on est isolé parce que le prédateur a coupé les liens, soit on est isolé parce que le prédateur est tellement charmant que personne ne comprend. »
Quelles sont les conséquences psychologiques et physiques pour les victimes ?
Pour Anne-Clotilde Ziegler : « la caractéristique de l'emprise met la proie sous stress constant ce qui obscurcit la pensée et l'émotion. Donc, la proie n'est plus totalement en possession de ses moyens. Elle est en régulièrement hyper réaction émotionnelle, ce qui va permettre au prédateur de lui raconter qu'elle est folle. Elle doute en effet de sa santé mentale, voire même cognitive et mentale. L'estime de soi est au ras des pâquerettes, la confiance en soi laminée. Et puis à terme, elle peut finir par déprimer, quelquefois gravement, avec hospitalisation, voire même se suicider, ce qui constitue un crime parfait. »
Qui sont ces victimes et comment se prémunir de l’emprise ?
Pour Anne-Clotilde Ziegler : «tout le monde peut faire l'objet d'un essai d'emprise. Et le prédateur va s'intéresser à des gens qui sont en général généreux, solaires, riches d'argent, riches de relations, riches de prestige"
Mais pas question pour la psychothérapeute de laisser entendre que les proies sont des personnes fragiles : "d'abord parce que cela renforce le gaslighting et qu'il n'en est pas question, ensuite parce que ce n'est pas vrai. Souvent, les proies sont des gens plutôt très forts, très solides. En revanche, vulnérables, c'est-à-dire que si on active le bon bouton, cela vient cogner une douleur, et des douleurs on en a tous. »
Qui sont ces « agresseurs » ?
Pour la psychothérapeute : « ce sont des gens qui sont porteurs d'une pathologie. Et les prédateurs sont porteurs de quatre personnalités caractéristiques qui sont le narcissisme pathologique, la psychopathie c'est à dire la psychologie des têtes brûlées qui n'aiment que le risque, le machiavélisme, c'est-à-dire la capacité d'avoir 15 coups d'avance et la manipulation, et enfin le sadisme,»
Certaines recherches actuelles parleraient mettraient en lumière une piste neurologique pour ces "agresseurs", piste que la psychothérapeute trouve intéressante : « on parle d'un éventuel déficit de neurones miroirs qui sont les neurones qui sont à la base de l'empathie et donc l'idée serait de faire de la difficulté à être empathique la racine même du trouble pervers narcissique. »
Comment s’en sortir ? Comment aider une personne sous emprise ?
Pour Anne-Clotilde Ziegler : « Quand la personne constate que le couple dysfonctionne, elle finit par se dire que ce n'est pas forcément de sa faute, et elle va se mettre à chercher. »
Et pour les proches « il faut écouter, accueillir, être là. Être là au moment où la proie commence à raconter […] Il y a deux écueils à éviter quand on est l'entourage. Le premier, c'est l'écueil du déni et l'écueil de la pression. »
Et pour elle : « il faudrait former les généralistes, les policiers, les gendarmes, les juges … »
Anne-Clotilde Ziégler, Psychotérapeute et Autrice de
" Qu’est-ce-que l’emprise?" (éditions Solar)
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