COULEURS-DE-LA-VIE

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Nos mains révèlent notre Etre...

  Chaque jour, au lever du lit, c'est le rituel, la routine des salles de bain : une multitude de gestes parfaitement orchestrés, coordonnés, que nous effectuons souvent à la hâte et sans y avoir à y penser. Nos mains savent ce qu'elles ont à faire : tourner des robinets, ouvrir et fermer des placards, savonner, frotter, sécher, brosser les dents, appliquer des crèmes, laits ou huiles, raser ou maquiller avec délicatesse et minutie…

 

Puis, c'est l'heure du petit déjeuner, verser du café dans la tasse, couper, griller et tartiner des tranches de pain…Nous prenons et posons une multitude d'objets, effectuons une grande variété de rotations, poussées, tractions, et autres mouvements du poignet, des doigts et de la paume des mains.

 

Nos mains sont toujours là, à notre service, c'est normal. C'est banal ? Il suffit d'une simple égratignure ou de la plus légère courbature pour que nos mains nous rappellent à quel point nous ne serions rien sans elles… Même les moins habiles d'entre nous disposent tous (dans la mesure où aucune circonstance tragique ne les a privés de leur usage) de ces instruments prodigieux, doués d'un grand savoir-faire et d'une grande sensibilité, que sont les mains.    Danielle Friedrich.

 

  La main qui sent et qui connaît.

 

Douées d'une grande sensibilité, nos mains ne sont pas seulement des organes moteurs mais aussi des organes tactiles par excellence, capables d'apprécier la forme des objets, la qualité de leur surface, leur température…Nos mains qui saisissent, palpent et manipulent les choses nous renseignent sur des aspects de la réalité auxquels notre vue, qui glisse sur les  choses n'accède pas. C'est par le toucher que nous pouvons explorer la nature des choses, la rondeur et le degré de maturité d'un fruit, la douceur et la fermeté d'une peau, les aspérités d'une paroi de granit, la solidité d'un nœud, le tranchant d'une lame, la rugosité d'une lime, la chaleur d'un biberon…

 

L'historien de l'art Henri Focillon écrivait au sujet des mains : « Douées d'un génie énergétique et libre, d'une physionomie  - visage sans yeux et sans voix, mais qui voient et parlent. Certains aveugles acquièrent à la longue une telle finesse de tact qu'ils sont capables de discerner, en les touchant, les figures d'un jeu de cartes, à l'épaisseur infinitésimale de l'image. Mais les voyants, eux aussi, ont besoin de leurs mains pour voir, pour compléter par le tact et par la prise la perception des apparences. »

 

Instinctivement, le petit enfant tend la main pour découvrir les objets qui l'entourent. D'ailleurs, saisir n'est-il pas synonyme de comprendre ? En s'associant aux autres sens, le toucher participe de façon déterminante à notre connaissance du monde ambiant et à notre mode de relation à lui. Finalement, à travers sa sensibilité profonde, la main constitue, comme l'exprime Claude Verdan, « l'instrument par excellence de la connaissance réelle ».

 

 Le cœur sur la main.

 

Nos mains, nos bras, dont elles constituent l'aboutissement, sont reliés de part et d'autre du tronc à la hauteur du cœur et des poumons. Est-ce un hasard ? Organes qui règlent les rythmes de la circulation et de la respiration, ils sont également impliqués dans notre vie psychique. Comme le fait remarquer le Dr Norbert Glas, médecin anthroposophe allemand : « nos bras et nos mains rayonnent en quelque sorte à partir de cette région du milieu du corps vers la périphérie ».

 

Avoir le cœur sur la main est une expression française qui exprime une vérité profonde. Nos mains révèlent nos sentiments, souvent à notre insu : le poing serré de colère, les mains qui tremblent de peur, les doigts qui tapotent d'impatience, les pouces qui tournent, trahissant l'ennui, et tous ces gestes qui accompagnent nos discours, illustrent cette réalité.

Selon la manière dont ils frappent les touches, les doigts du pianiste sont capables d'exprimer une infinité de nuances du sentiment.

Dans le langage courant, avoir du doigté, du tact, c'est faire preuve d'une certaine subtilité, par référence à l'habileté dont sont capables les doigts exercés.

 

  Nos mains révèlent notre être.

 

La chiromancie, vieil art divinatoire basé sur l'inspection des mains, bien que contestée, repose au moins sur une fait : les mains de chaque être humain sont uniques. Une réalité attestée par la criminologie, qui s'est longtemps basée sur les empreintes digitales pour identifier un individu.

 

S'appuyant sur la constitution tripartite de l'être humain mise à jour par Rudolf Steiner et sur l'observation de nombreux patients, le Dr Norbert Glas, dans son ouvrage sur la physionomie des mains, établit des correspondances d'un autre type entre les mains et le corps tout entier. Ne pouvant ici développer toute la richesse de cette conception de l'homme, nous évoquerons juste quelques exemples. Doués d'une grande sensibilité, nos doigts prennent part aux activités du pôle « neuro-sensoriel » de l'être humain, qui regroupe l'ensemble des processus de perception et de conscience.

 

  L'index y tient une place particulière : c'est le « penseur » parmi nos doigts et le plus étroitement lié à notre vision. C'est lui que nous portons au nez ou au front lorsque nous réfléchissons, que nous tendons pour désigner un objet ou que nous brandissons pour mettre en garde.

C'est aussi avec l'index que le chasseur, visant le gibier, appuie sur la gâchette au moment opportun. Comme l'évoque le Dr Verdan : « la place que les sensations reçues et transmises par la main occupe dans les circonvolutions cérébrales est considérable. Elle est plus vaste que celle de toutes les autres parties du corps réunies. L'index à lui seul est à cet égard plus important que tout le membre inférieur »

 

A  l'opposé, le pouce, l' « individualiste » qui se détache de la ronde de nos doigts, plus court, plus large que tous les autres, est aussi le plus fort. Norbert Glas le met en relation avec le « pôle métabolique » qui regroupe l'ensemble des processus de la motricité, la digestion, la croissance, la régénération et la reproduction. A plan psychique, c'est le pôle de la volonté.

 

C'est le pouce qui ferme le poing, où s'exprime une concentration de la volonté, positive ou destructrice. Enfin, la paume, le creux de nos mains, lieu si intime qu'il était indécent d'y déposer un baiser en public en des temps  plus prudes, lorsque le baise-main  - sur le dos de la main  - était encore de rigueur.

 

Que faisons-nous quand nous serrons la main d'une personne pour la saluer ? Dans ce geste, nos paumes se touchent, avec, au centre une zone particulièrement sensible, où se croisent nos lignes de vie et de destinée…

Un geste devenu banal mais où s'exprime le mystère de la rencontre entre 2 êtres…

 

Il y aurait encore beaucoup à dire sur ces organes prodigieux que sont nos mains, et dans lesquels se révèle toute notre humanité…



18/10/2009
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