COULEURS-DE-LA-VIE

Robin Williams a dit un jour :

« Je pensais que la pire chose dans la vie était de finir seul. Ce n’est pas le cas. La pire chose dans la vie est de se retrouver avec des gens qui vous font sentir seul. Il faut être entouré de personnes qui se soucient vraiment de vous, car être seul dans une foule, c’est toujours être seul. »

Ces mots capturent beaucoup de choses sur Robin - un homme qui rayonnait de joie tout en portant une profonde compréhension des luttes émotionnelles de la vie. Connu pour son énergie débordante, son génie comique et ses performances poignantes, Robin avait une profondeur qui donnait des nuances à chaque rôle qu’il incarnait, qu’il fasse rire les spectateurs aux éclats ou qu’il leur arrache des larmes avec des moments de vulnérabilité brute.

Robin est né avec une curiosité insatiable et un talent naturel pour la scène. Dès son plus jeune âge, il était attiré par le spectacle et fasciné par l’Art de la comédie. Il aimait faire rire les gens, réalisant que ce n’était pas seulement sa passion, mais aussi un moyen de créer des liens avec les autres. Pourtant, derrière son esprit vif et son rire contagieux, il ressentait souvent une profonde empathie pour les difficultés des autres.

« La comédie peut être une manière cathartique de gérer un traumatisme personnel », a-t-il un jour confié. « Je pense que, d’une certaine manière, c’est presque un mécanisme de survie. On affronte l’obscurité en soi grâce à l’humour, et on fait rire les autres pour ne pas se sentir seul avec ces sentiments. »

Pour Robin, le rire était bien plus qu’un divertissement ; c’était sa façon d’affronter les ombres de la vie et d’aider les autres à en faire autant.

Son talent pour la comédie était inégalé. Lors de ses spectacles de stand-up, il montait sur scène avec une énergie explosive et imprévisible qui laissait le public sans voix. Il pouvait changer d’accent, de personnage et d’émotion en une fraction de seconde, créant une expérience presque surréaliste. Même si son style semblait chaotique, il était en réalité minutieusement élaboré. Il improvisait avec une telle aisance que cela paraissait naturel, alors qu’il avait passé des années à perfectionner son Art. Il disait souvent :

« On ne vous donne qu’une petite étincelle de folie. Il ne faut pas la perdre. »

Cette « étincelle » était son moteur, alimentant des performances qui célébraient autant la vie qu’elles permettaient d’échapper à ses aspects les plus sombres.

L’un de ses rôles les plus mémorables fut celui de John Keating dans Le Cercle des poètes disparus, un professeur qui inspire ses élèves à penser librement et à vivre avec passion. Dans ce film, il prononce une réplique emblématique :

« Peu importe ce que les gens vous disent, les mots et les idées peuvent changer le monde. »

Cette phrase résonnait profondément chez Robin, incarnant sa croyance en la puissance des mots et des idées. Il comprenait que, même dans un monde souvent marqué par la souffrance, les bons mots pouvaient insuffler de l’espoir, du rire et du changement.

Il était un véritable Keating, un homme qui encourageait chacun à saisir l’instant et à voir la beauté dans chaque moment.

Malgré son succès public, Robin menait ses propres combats contre la dépression et l’addiction. Ses proches parlaient souvent de son immense empathie et de sa tendance à absorber la douleur des autres. Il avait confié un jour :

« Vous ne connaissez pas la véritable perte, car elle ne survient que lorsque vous aimez quelque chose plus que vous-même. »

Sa compréhension de la perte et de l’Amour venait d’un lien sincère avec autrui, en particulier avec ceux qui avaient souffert. Cette sensibilité transparaissait dans de nombreux rôles, notamment celui de Sean Maguire dans *Will Hunting*, où son personnage compatissant et paternel a touché les spectateurs ainsi que ses co-stars.

En dehors du cinéma, Robin avait une multitude de passions qui reflétaient son amour pour la vie et l’aventure. Il était un cycliste passionné et utilisait souvent les longues balades à vélo comme une forme de méditation et d’évasion. Il partageait cette passion avec ses amis proches et plaisantait sur le fait que son esprit de compétition ne se limitait pas à la comédie, mais s’étendait aussi au vélo.

Il était également fasciné par les jeux vidéo, révélant un côté geek que ses fans trouvaient attachant. Il avait d’ailleurs nommé sa fille Zelda en hommage au célèbre personnage de jeu vidéo, un détail qui ravissait son public et montrait son esprit joueur.

Robin était aussi connu pour sa générosité et sa bienveillance, aidant souvent ceux qui en avaient besoin sans chercher la reconnaissance. Il participait régulièrement aux tournées de l’USO (United Service Organizations (USO) est une organisation à but non lucratif qui fournit des services de loisirs et de soutien moral aux membres de l'armée américaine avec des programmes dans plus de 135 centres répartis dans le monde entier) pour divertir les soldats en mission à l’étranger, leur apportant un peu de réconfort et de rires.

Cette volonté de réconforter les autres, même lorsqu’il traversait lui-même des moments difficiles, mettait en lumière son altruisme.

« L’autonomie est la clé d’une vie vigoureuse », disait-il. « Un homme doit chercher en lui-même les réponses. » Cette philosophie lui permettait d’apporter amour et joie à travers son travail, même dans les moments les plus sombres.

Dans ses dernières années, Robin a dû faire face à de nombreux défis, notamment des problèmes de santé qui affectaient sa mémoire et sa capacité à jouer. Son diagnostic de démence à corps de Lewy a ajouté à ses difficultés, mais il a continué à affronter chaque jour avec la grâce et l’humour qui le caractérisaient.

Bien qu’il soit parti bien trop tôt, son héritage perdure dans le cœur de ses fans et de ses proches. Ses mots, son humour et sa compassion restent gravés dans les mémoires, rappelant son génie et la lumière qu’il a apportée au monde.

Le Monde Littéraire