La couleur de Judas.
Dès le Moyen Age, le jaune a pris des connotations négatives : il symbolise plus particulièrement la trahison & le mensonge. C’est ainsi qu’on peint en jaune les maisons des faussaires & des parjures.
Même en Chine, les maquillages des traîtres dans le théâtre traditionnel ont une dominante jaune !
Ce mauvais jaune est, du coup, associé à l’adultère : la fleur de souci symbolise la trahison conjugale dans le langage des fleurs.
D’autres superstitions font du jaune une couleur porte malheur : sur les scènes de théâtre en France, par exemple, aucun costume ni même élément de décor n’est de cette couleur, car on raconte que le soir de sa mort en scène, Molière était vêtu de jaune…
Associé au vert, et plus particulièrement dans des vêtements rayées, le jaune figure traditionnellement depuis le Moyen Age sur les costumes des bouffons en, symbolisant le plus grand désordre & la folie. Enfin, un des symboles négatifs les plus forts & les plus anciens de la tradition occidentale est sans doute l’étoile jaune.
Couleur traditionnelle des vêtements de Judas dans l’iconographique médiévale, le jaune fut très tôt associé au peuple juif, mais aussi aux musulmans ou aux lépreux.
Les nazis au XXe siècle ont repris ce signe d’infamie ancien pour l’imposer aux juifs de toute l’Europe.
Dans le domaine technique et grâce à l’imprimerie, le jaune va pourtant avoir sa revanche et connaître une lente réhabilitation.
En effet, dans la droite ligne des travaux de Newton, on se préoccupe au XXVIIIe siècle de découvrir des procédés pour créer des estampes en couleur.
Le peintre & graveur Jacob Christoph Le Blon invente alors la trichromie : on tire la même gravure selon trois planches de couleur différente, en rouge, en bleu et en jaune, puis on les superpose pour recomposer toutes les nuances de la gamme chromatique.
Ainsi le jaune devient une des trois couleurs de base dans l’industrie naissante des arts graphiques.
Cette promotion relègue le vert au second plan : il n’est plus qu’un mélange de jaune & de bleu.
Notons toutefois qu’on matière de procédé télévisuel, le vert reprendra sa place : c’est par le système RVB (qui décompose les images en trois lumières colorées de rouge, vert et bleu) qu’on obtient la restitution des couleurs à la télévision.
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