COULEURS-DE-LA-VIE

COULEURS-DE-LA-VIE

Elle est rentrée à la maison ...

chaton photo8.jpg

 

 

Jason Lapointe 

 

Elle avait disparu depuis si longtemps qu'on avait cessé d'espérer.

 

Une vieille chatte de 25 ans, fatiguée, amaigrie, presque méconnaissable. Son regard portait les traces du temps, de l’errance, de l’incompréhension.

Elle avait traversé les saisons seule, dans le froid, sous la pluie, sous un soleil brûlant, à la recherche de quelque chose. Peut-être d’un souvenir.

Peut-être d’un parfum.

 

Peut-être d’une maison qu’elle n’arrivait plus à retrouver, mais que son cœur, lui, n’avait jamais oubliée.

 

Un jour, elle est apparue devant une porte inconnue, les pattes tremblantes, le pelage sale et clairsemé, mais les yeux encore brillants d’un éclat discret : celui de l’espoir.

 

Les personnes qui l’ont recueillie ce jour-là ne savaient rien d’elle. Juste qu’elle était âgée, terriblement maigre, et surtout … triste. Une tristesse silencieuse, digne, mais lourde. Comme si elle portait un monde en elle.

 

Ils lui ont donné une couverture douce, des croquettes faciles à mâcher, une main tendue. Et elle s’est laissée faire. Sans résistance. Sans crainte. Comme si elle avait compris que, cette fois, elle n’était plus seule.

 

Grâce à sa puce d'identification, son incroyable histoire s’est éclairée : elle avait été déclarée perdue depuis plus de 8 mois. Huit longs mois pendant lesquels ses humains la cherchaient désespérément. Ils avaient mis des affiches, alerté les voisins, publié des messages … mais sans succès.

Le silence avait fini par remplacer les larmes.

 

Quand ils ont reçu l’appel, ils n’ont pas osé y croire. Et quand ils l’ont vue, allongée dans un petit panier douillet, trop faible pour miauler, mais les yeux grands ouverts … ils ont su.

 

Elle, en revanche, n’a pas hésité une seconde. Dès qu’elle a senti leur présence, elle a tendu une patte. Sa patte tremblante. Elle les a reconnus. Malgré le temps. Malgré la fatigue. Malgré tout. Elle les a reconnus.

 

Et elle a pleuré. Des larmes discrètes, mais réelles. Un flot silencieux, comme un dernier soupir de soulagement.

 

Elle est rentrée à la maison.

 

Aujourd’hui, elle ne court plus. Elle ne grimpe plus. Elle ne joue plus. Mais elle est là, entourée. Choyée. Réchauffée. Elle dort dans les bras de ceux qui n’ont jamais cessé de l’aimer. Et surtout, elle ne pleure plus.

 

Parce que le plus beau cadeau qu’on puisse offrir à un animal en fin de vie, ce n’est pas la jeunesse, ni la force.

 

 

C’est simplement la Paix.

La Paix de s’endormir en sachant qu’on est,

enfin, de retour à la maison ... 



13/07/2025
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 505 autres membres