COULEURS-DE-LA-VIE

COULEURS-DE-LA-VIE

La nécessité de l’animal dans la ruralité.

En biodynamie, cultures & animaux sont interdépendants ; chaque animal joue un rôle bien précis.

 

Visite guidée dans la ferme d'André OLLAGNON, Agriculteur biodynamiste.

 

  A chaque animal son rôle.

 

Pour apprécier l'éventuelle nécessité de la présence des animaux dans l'espace agricole, posons-nous des questions simples : pour chaque animal, quel est son comportement, quel est son rôle dans le domaine ?

 

Que font les porcs dans la ferme ? Ils boivent le petit-lait de la fromagerie, mangent des restes de légumes (et, selon la saison, les feuilles de betteraves, la vigne émouchée…), les fruits « touchées »… Ainsi consomment-t-ils ce qui, sans eux, serait des déchets, voire des rejets polluants. Le porc, cet omnivore, transforme ou, comme l'on dit, recycle. Si on lui en laisse la possibilité, il fouille la tète pour trouver les racines qui rendent son lard ferme que l'homme pourra manger l'hiver sans crainte du cholestérol. Le porc aime prendre son bain de boue et les petits porcelets à ce régime n'ont pas besoin de compléments de piqures de fer ou de vitamines. Il donne son fumier qualité de « plutôt froid ».

 

Que fait l'âne ? Il brait et, par exemple, signale ainsi chaque matin notre arrivée. Il mange les « refus », il pourrait travailler au jardin. Il protège les pets ruminants des attaques des chiens errants. Il donne son crottin que l'on privilégie pour faire une couche chaude.

 

Que fait la vache ? Elle mange et digère. Elle mange et boit par jour 1/6e de son poids. Un tel métabolisme lui permet de faire passer dans sa panse et dans son très long intestin la production fourragère d'un ha qu'elle cueille elle-même en broutant. Ce serait la brimer douloureusement que de l'empêcher de pâturer un sol qui, lui, ne serait ni « hersé » ni fumé. Grâce à l'assolement, les vaches devraient passer partout sur le domaine. Les haies leur fournissent des condiments et un abri. Elles ruminent 8 h. par jour et 60 fois par minute. La vache donne son veau et son lait. Et peut-être plus important encore, elle dépose sur la terre une bouse formée et spiralée qui l'enrichit durablement.

 

Que font les chèvres ? La même chose que les bovins mais avec d'autres couleurs. A ne mettre dans la ferme que comme le sel dans la soupe ; il n'y a pas que les fromages que l'on fait avec leur lait qui ont du caractère, elles sont une épreuve pour l'éleveur ! Elles donnent aussi leurs crottes.

 

Que font les chiens & les chats ? L'un garde, les autres chassent…ils nous aiment chacun à leur façon.

 

Que font les poules ? Qu'est-ce qu'une ferme sans le coq qui chante ? Lui amène ses poules en champs, elles qui grattent tout leur content, surtout dans les coins pour trouver des vers. Combien de mouches en moins ? En plus de leurs œufs, elles donnent aussi leur fiente chargée en matière azotée.

 

Que font les canards & les oies à se vautrer dans les bouses de vaches qu'ils écartent à souhait, éliminant ainsi les parasites ? Ils se gavent seuls dans les flaques d'eau et sont un mauvais exemple pour les enfants.

 

Et les pigeons qui égaient le ciel avec tous les oiseaux & les abeilles qui visitent chaque fleur qui s'ouvre où elles déposent un peu de leur venin pour que ce coin fleuri entretienne la fécondité des vaches ?

 

Et encore ? N'oublions pas l'autre troupeau, celui de la multitude des petits êtres vivants qui habitent le sol. C'est pour  eux que tous les fumiers sont compostés et pour devenir la nourriture équilibrée que l'agriculteur va redonner au sol.

 

  Un système en boucle.

 

L'agriculteur intervient et renforce ce système en boucle qui permet de faire des « déchets » organiques une juste fumure pour le sol grâce à cette diversité animale : le fumier de porc favorise les racines, les fientes de poules chargées d'azote développent les parties aériennes des pantes, quant au compost des bovins, il sert à l'équilibre dans la durée de la fertilité du sol.

 

Grâce à la présence de paille en quantité importante dans le compost en décomposition, les micro-organismes trouvent des chemins pour aller travailler jusqu'au cœur du tas.

 

En Agriculture biodynamique, l'usage de préparations à base de plantes (pissenlit, camomille, achillée, ortie, chêne & valériane) permet de diriger davantage la fermentation, et d'obtenir une bonne présence d'éléments divers & subtils, dont les nombreux oligoéléments.

 

Nous devons réaliser que le passage des matières végétales dans l'intestin des animaux apporte une dimension essentiellement à la fumure : c'est en ce sens que l'on peut dire que l'animal anime le domaine agricole. Ce domaine en retour, offre aux différents groupes d'animaux la possibilité d'une vie complète incluant la présence des mâles (taureau, verrat, bouc, bélier, coq…) qui sont indispensables à la reproduction. A ce sujet, on peut rappeler que la fécondation est un acte chaleureux : la femelle entre en chaleur, elle demande, puis après une parade du mâle, elle l'accepte. Quand l'inséminateur introduit des paillettes congelées, ce n'est certes pas le même processus.

 

  Rapprochons ... hommes &

                                                       animaux.

 

Cette description du rôle et du comportement des animaux domestiques sur une ferme n'est ni bucolique, ni anodine ; elle permet de nous représenter la situation normale d'un animal dans son biotope, situation qui n'est pas celle que nous rencontrons le plus souvent aujourd'hui. L'idéal serait de respecter la nature des animaux et de les accompagner, les « élever » au sens premier de ce verbe.

 

Aussi, la nécessité de l'animal dans sa ruralité apparaît surtout comme un besoin de partage d'un milieu de vie convoité dans lequel l'homme prend ses responsabilités. Nous voyons d'un côté fleurir des initiatives de fermes pédagogiques pour que les enfants puissent approcher les animaux, les nourrir, les soigner. A l'opposé, la majorité des fermes s'agrandissent avec les départs de paysans. La spécialisation & la mécanisation construisent des barrières que renforcent les exigences « économiques », les normes de sécurité et les normes sanitaires.

Le fossé se creuse entre les hommes & les animaux.

 

Nous avons besoin des animaux ailleurs que dans des musées vivants. Pensons et ayons des fermes adaptées au XXIe siècle qui donnent à tous les animaux, grands et microscopiques, la place qui convient à leur nature alors qu'ils nous fournissent leurs produits, nous offrent leur présence et animent la terre...

 

                                                      André OLLAGNON.



03/10/2009
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