COULEURS-DE-LA-VIE

Peu importe l’intensité de leur douleur, elles savent qu’il existe une pilule pour chaque souffrance.

Peu importe si elles chutent, elles doivent se relever seules, à une vitesse vertigineuse.

Lorsque leurs jambes tremblent, elles s’assoient un instant pour retrouver leur souffle.

Si elles saignent, elles posent un bandage.

Si elles se blessent, elles recousent les plaies.

Si elles pleurent, elles attrapent un mouchoir.

Si la solitude les envahit, elles se parlent à elles-mêmes.

Si la faim les ronge, elles se nourrissent de tristesse.

Si la soif les consume, elles cherchent des bribes de vie.

Elles peuvent être partout à la fois, et pourtant, elles restent seules, debout, inébranlables.

Certains jours, elles aperçoivent des étoiles, mais bien des nuits, elles se sentent écrasées sous leur poids.

Elles envoient des messages silencieux, des appels codés que personne ne prend le temps de décoder.

Quand elles crient, elles le font en silence, pour ne déranger personne.

Jamais elles ne demandent de l’aide, car elles portent en elles la conviction qu’elles peuvent tout affronter.

Elles sourient souvent, écoutent attentivement, observent en silence, et se taisent.

Personne ne leur demande jamais si elles vont bien ou si elles ont besoin de quoi que ce soit, car elles répondent toujours la même chose : « Rien. »

Elles sont fortes.

Mais les personnes fortes passent leur vie à attendre un câlin,

un geste spontané qui ne leur soit pas arraché par des mots.

Et elles se fatiguent …

Elles se fatiguent énormément.

Zaki Benameur