Jacques SALOME : Les mots nous assassinent…ou nous sauvent.
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Jacques SALOME : Les mots nous assassinent…
ou nous sauvent.
Psychosociologue, auteur d'une trentaine d'ouvrage, Jacques Salomé nous rappelle que les mots sont au cœur de nos maux - ils peuvent, tour à tour, les générer et nous en libérer - et nous livre les clefs d'une « saine » communication.
Une mauvaise communication peut-elle « intoxiquer » et favoriser la maladie ?
Ma conviction la plus profonde est que la répétition (en particulier dans l'enfance) de messages toxiques (disqualifications, jugements de valeur, dévalorisations, critiques injustes, humiliations diverses…) va blesser l'un ou l'autre des 5 ancrages vitaux qui concourent à notre survie et à l'adaptation à notre environnement : la vivance de la vie, le potentiel énergétique, l'amour de soi, la confiance en soi et l'estime de soi.
Quand ces messages sont déposés par des personnes significatives de notre vie, ils seront à l'origine des six grandes blessures archaïques : l'humiliation, l'injustice, l'impuissance, la trahison, le rejet & l'abandon. Cela va entraîner une « vulnérabilisation globale » de l'individu donc une sensibilité plus grande aux agressions somatiques et ainsi être à l'origine de nombreuses somatisations. Quand il y a le silence des mots, la violence des maux se réveille.
Peut-on dire qu'une « hygiène » de la communication favorise la rémission, voire la guérison ?
La prédominance de messages positifs ou de message valorisants va entraîner une augmentation de la vivance, nous rendre plus énergétigène et confirmer la confiance, l'amour et l'estime de soi. D'autre part, le fait d'apprendre à restituer symboliquement les messages agressants, les violences verbales ou physiques, nous réconcilie avec le meilleur de nous-même et nous permet de mieux affronter une maladie ou un dysfonctionnement grave.
Il y a un lien très étroit entre la qualité de nos échanges intimes et l'état de notre santé.
Si les mots peuvent nous blesser, voire nous assassiner, ils ont aussi un extraordinaire pouvoir thérapeutique. En nous permettant d'établir ce que j'appelle des « reliances » (un rapprochement entre un fait de notre vie actuelle et un fait de notre passé), ils vont nous permettre d'apaiser, de recadrer une partie de notre histoire et de restaurer une image de nous, défaillante.
Qu'est-ce qu'une communication saine ?
Une communication saine, c'est être capable de demander, de donner, de recevoir et de refuser. Découvrir que nous sommes toujours trois dans un échange : l'autre, moi et la relation qu'il y a entre nous. Qu'une relation est un canal, une passerelle sur laquelle vont circuler des messages positifs et des messages toxiques, et qu'il nous appartient de restituer symboliquement les messages, c'est-à-dire de ne pas garder en nous les messages qui ne sont pas bons.
L'être humain est un drôle d'animal : quand il avale un met avarié, il est capable de le vomir, de le rendre ; mais il va garder en lui pendant des années des messages toxiques qui vont empoisonner ses relations essentielles et polluer sa vie !
Quelle forme peut prendre l'aide aux malades par les mots ?
J'ai développé, il y a quelques années le concept de soins relationnels. Outre les soins médicaux, chirurgicaux ou de nursing, il est possible de proposer des soins qui vont permettre à un malade d'écouter, d'entendre ce que sa maladie (mal à dire) tente de crier avec des maux.
Cela suppose d'accepter que les maladies sont des langages symboliques, métaphoriques avec lesquels le corps tente de dire l'indicible ou l'insupportable.
Plus concrètement comme s'y prendre ?
Il s'agit à la fois d'inviter le malade à :
* Se dire, à exprimer non seulement son ressenti mais également toutes les associations qu'il peut faire autour de l'affection (affection) qui l'affecte !
* Exprimer en quoi sa maladie remet en cause, menace, déstabilise ses relations proches…
* Etablir des reliances. Etablir des liens avec des éléments de sa propre vie ou de celle des parents. Nous pouvons constater le nombre des synchronicités qui existent entre le surgissement d'un trouble, d'un incident à tel âge et ce qui a pu arriver au même âge à l'un de nos parents…
* Utiliser la symbolisation comme une médiation avec sa maladie. En représentant par un objet sa maladie, cela permet au malade de ne plus être confondu avec elle. On entend, dans les couloirs d'hôpitaux, certains médecins un peu pressés demander à la surveillante : « Et le cancer du pancréas, comme va-t-il ce matin ? »
Dans l'accompagnement des personnes en fin de vie, les mots peuvent-ils apporter un soulagement ?
En fin de vie, je crois que l'important c'est de proposer au maximum l'un ou l'autre des langages de la communication non verbale : le toucher, la respiration que l'on fait entendre, la présence, le regard.
Ce ne sont pas les mots qui peuvent provoquer une rémission, mais ils vont permettre de mieux vivre la maladie si on permet à un malade d'en entendre le sens.
En fin de vie, l'important n'est pas d'ajouter
des années à la vie, mais la vie au présent.
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