COULEURS-DE-LA-VIE

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Les « restitutions symboliques ».

 Vers un toucher non-violent : Chaque personne perçoit les gestes d'autrui à sa manière, en les interprétant selon  son vécu & ses croyances. Mais comment toucher sans agresser ? Quelle est la limite acceptable d'intimité entre 2 êtres ?

 

Nous ne parlons pas seulement avec des mots. Si nous nous rencontrons avec des regards, des gestes ou des touchers, ce qui va donner à la relation tout son sens, c'est à la fois l'intentionnalité (la main qui donne une caresse ou une gifle est la même, simplement avec des différences d'intension & d'intensité !) et le mouvement intérieur qui nous porte vers l'autre.

 

Il est des gestes, des touchers qui nous agressent ou nous font violence, même si l'autre ou l'entourage proche qui les déposent sur nous n'en sont pas toujours conscients. Car c'est celui qui reçoit le message qui lui donne un sens. Un même geste peut retentir, résonner sur notre histoire dans un sens positif ou dans un sens négatif & catastrophique. Il nous appartient donc de nous respecter et pour ce' »la d'apprendre et le plus clairement possible face à celui ou celle que nous pouvons ressentir comme agressant au travers de ses conduites ou de ses actes envers nous.

 

La vie sociale comme la vie intime est constamment traversée de gestes qui font intrusion dans notre intimité. Gestes dont certains peuvent être sans retentissement grave et relativisés par une échange, et d'autres qui au contraire nous bousculent, nous déstabilisent et peuvent nous blesser ou réveiller d'anciennes blessures, qui vont saigner en nous et nous faire une violence inouïe.

 

Il ne suffit pas pour faire face à des gestes toxiques ou nocifs de nous éloigner, de nous placer hors de portée ou de mettre l'autre en accusation, encore faut-il apprendre à mettre en place un ensemble d'attitudes & de comportements qui vont nous permettre de nous réconcilier avec l'image de nous-même qui a été atteinte, de retrouver confiance en nos ressources, de nous réapproprier l'amour et l'estime de soi qui peuvent avoir été maltraités par des comportements qui n'étaient pas bons pour notre corps, notre vulnérabilité ou notre sensibilité.

 

Au-delà  de paroles, de comportements ou d'attitudes qui peuvent nous agresser, c'est surtout par un toucher violent ou inadapté, qu'il soit intentionnel ou le résultat d'une « mal-adresse », que nous sommes parfois le plus atteints, le plus violemment interpellés, car il faut savoir qu'un geste ressenti par celui qui le reçoit comme agressif ou déstabilisent peut réveiller l'une ou l'autre des blessures archaïques qui sont inscrites dans la mémoire insondable et toujours en éveil du corps.

Il s'agit le plus souvent  de blessures liées à la trahison, l'injustice, l'humiliation ou l'impuissance.

 

Si notre corps est une formidable émetteur de signaux positifs (ou négatifs) il est aussi une immense surface de projection sur laquelle vont se diriger et se jeter des signaux qui seront ressentis comme positifs et d'autres qui seront enregistrés, par celui qui les reçoit à ce moment-là, comme puissamment négatifs.

 

Bienveillance ou intrusion ?

 

Quel que soit le degré d'intimité, l'intensité des sentiments partagés avec quelqu'un, nous avons besoin de trouver la bonne distance face à lui, une distance qui corresponde à notre besoin de sécurité mais aussi à notre liberté d'être. Un distance juste, bienveillante, ni intrusive, ni oppressive, quand la présence de l'autre, ses attentions, ses gestes vont nous confirmer l'attentivité, le respect & l'écoute qu'il peut avoir à notre égard. Mais il peut retrouver que cette distance soit transgressée et que nous sentions insécurisé ou violenté.

 

* « Chaque fois que mon mari me prenait dans ses bras, j'avais la sensation d'être étouffée, qu'une partie de moi ne m'appartenait plus, n'existait plus.

Il ne donnait pas (malgré ce qu'il en disait), il prenait. Je recevais ces gestes comme une imposition, une dépossession à partir de laquelle je n'avais plus rien à offrir… »

* « Quand ma mère me serrait contre elle, en disant « mon amour, mon amour » je sentais que je devenais sa chose, que je devais lui appartenir et cela m'angoissait beaucoup. Si je m'éloignais, je sentais que je lui faisais de la peine et surtout que je risquais de perdre son amour à jamais… »

* « J'aurais tant voulu dire à mon père que la gifle qu'il me donnait « pour mon bien » chaque fois que je lui présentais mon carnet scolaire, ne me faisait pas de bien, m'humiliait et m'infantilisait… »

 

Autant d'exemples parmi les situations innombrables vécues par des enfants ou des adultes, qui se sont vu imposer un toucher qui n'était pas bon pour eux.

 

Jacques Salomé enseigne  depuis des années qu'il est toujours possible de « restituer » sur un mode symbolique (à l'aide d'un objet, d'un dessin, d'une photo) avec un mot d'accompagnement, une violence reçue. Violence d'un geste qu'il n'est pas souhaitable de garder en soi, car elle entretient et peut même nourrir le foyer d'une blessure psychique, morale ou physique.

 

Il prétend que ces « restitutions symboliques » sont très libératoires d'énergie, qu'elles favorisent une restauration de la vivance de notre vie et redynamisent l'amour, la confiance & l'estime de soi.

Une restitution symbolique s'appuie sur le ressenti de celui qui s'est senti agressé ou violenté par une geste, un passage à l'acte sur son corps, quelle que soit l'intentionnalité de celui qui a déposé ce geste.

 

Certains comportements (abus sexuels, maltraitances physiques à répétition) inscrivent des blessures quasi inguérissables si elles ne font pas l'objet d'une mise en mots ou d'une médiation réparatrice par un symbole.

 

Ces démarches de restauration, de réconciliation avec soi-même paraissent d'autant plus nécessaires que certaines violences primaires engendrent des comportements défensifs & réactionnels qui sont d'auto-violences que l'on se fait à soi-même. Auto-violence par auto-privation (repli sur soi, enfermement dans la  solitude, pour se protéger) par une mise en maux récurrentes (équivalent à un langage pour tenter de dire l'indicible) tels des maux de ventre, des infections vaginales, des blocages sexuels, auto-violence encore dans le surgissement de somatisations plus graves (cancer, kystes ou autres affections profondes…).

 

Quand notre corps absorbe par mégarde ou par erreur un mets, un produit toxique, il se défend aussitôt en le régurgitant, en le « rendant », en évacuant ce qui n'a pas été bon pour lui. Mais quand il s'agit de gestes toxiques, malsains, nous acceptons, malheureusement, de les garder longtemps en nous, enfermés dans le silence, la culpabilité ou le ressentiment.

 

Soyons invités, tout un chacun, à se respecter au plus près de ses ressentis, à s'affirmer, à se positionner en ne gardant pas en soi des gestes, des attouchements, des paroles même, qui ont été enregistrés comme violents ou agressants par son corps ou son esprit.

Ainsi trouver la bonne distance est un besoin sans cesse remis en question selon la nature des gestes reçues mais aussi en fonction de leur retentissement sur notre histoire.

 

Restaurer la paix dans son corps est une démarche qui peut comporter plusieurs supports. Il y a bien sûr toutes les démarches centrées sur la psychothérapie, les groupes d'éveil, mais aussi les stages de formation portant sur le changement.

Toutes ces démarches nous invitent à un travail d'archéologie intime pour nous permettre de nous réconcilier avec notre passé et surtout à achever les situations inachevées ou panser les blessures de notre enfance.

 

Pour respecter son corps, l'évidence de la nécessité d'un travail sur soi passera inévitablement par des approches corporelles dont l'éventail est aujourd'hui largement connu, allant du yoga, à la méditation, au tai-chi…



14/10/2007
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