A La rencontre d’Hestia.
Envoyée lundi 19 avril 2010 à 00:00:00
Faire de l'ordre dans la maison est ma prière ;
quand j'ai terminé, ma prière est exaucée.
Me pencher, me courber et nettoyer purifient mon corps mieux qu'une prière.
Jessamyn West.
Vous mettez de l'ordre dans un placard en fouillis, triez soigneusement les vêtements à conserver, à remiser ou à donner. Elle est là.
Vous déposez les fruits de la terre sur l'autel de votre comptoir de cuisine et bénissez la tarte aux mûres que vous mettez au four avec une belle pensée pour ceux avec qui vous allez partager cette offrande d'amour. Elle est là.
Vous préparez la chambre d'amis pour accueillir des invités avec vos plus beaux draps, des serviettes moelleuses, un bouquet de fleurs et quelques-uns de vos livres préférés sur la table de chevet. Elle est là.
Vous astiquez l'argenterie, pliez le linge, repassez la nappe, lavez la vaisselle, disposez des bougies. Elle est là.
C'est Hestia, la vénérable déesse de la maison. Vous ne connaissiez peut-être pas son nom, mais si vous prenez plaisir à votre train-train quotidien, vous avez sûrement déjà senti sa présence.
Dans la Grèce Antique, il y a 3000 ans, Hestia était la déesse du foyer, gardienne de la famille et du temple. Les femmes lui demandaient protection et inspiration pour transformer leur abri, dans une attitude de prière, en un havre de beauté et de confort.
Dans la mythologie grecque, Hestia était l'une des 12 divinités de l'Olympe. Elle est toutefois la moins connue d'entre elles et n'a pas inspiré de légendes, même si Zeus lui a accordé le privilège de s'asseoir au centre de leur demeure céleste pour pouvoir recevoir les meilleures offrandes des mortels. On ne lui a pas non plus prêté une apparence humaine, comme sculpteurs & peintres l'ont fait pour les autres dieux.
On honorait plutôt sa présence spirituelle sous forme d'une flamme éternelle brûlant dans un âtre circulaire.
L'analyste jungienne Jean Shinola Bolen explique que le feu sacré d'Hestia était source de lumière & de chaleur, en plus de permettre la cuisson des aliments. Même si on a peu parlé d'elle dans l'histoire, « la déesse Hestia exerçait un rôle prédominant dans la vie quotidienne des Grecs, à la maison comme au peuple ».
Aujourd'hui, comme dans l'Antiquité, réfléchir à la présence d'Hestia nous aide, selon Jean Bolen, « à porter notre attention vers l'intérieur, vers le centre spirituel de notre personnalité », ce qui nous permet de puiser à une source intérieure d'harmonie alors que nous vaquons à nos tâches journalières. Hestia n'est pas épuisée ; elle ne tient pas qu'à un fil, mais demeure « solidement ancrée au milieu du chaos, du désordre et de l'agitation de la vie quotidienne ». Elle accomplit toutes les tâches avec aisance et grâce. En prenant conscience de la présence d'Hestia dans notre quotidien, en nous imprégnant de sa tranquillité, de son calme et de son sens de l'ordre, nous pouvons découvrir que dans les choses les plus triviales se cachent un Mystère sacré.
Comment y arriver ? J'appelle parfois Hestia à mon secours quand je vaque aux soins de la maison. Ou bien je me demande comment elle s'y prendrait pour accomplir telle ou telle tâche entreprise. Bien sûr, je me pose cette question quand je sais que je m'y prends plus ou moins bien, et cette réflexion me ramène à la nature contemplative de ma routine quotidienne.
Mais surtout, Hestia me rappelle gentiment, comme le fait remarquer Jean Bolen, que « se concentrer sur les tâches ménagères, ou autres, dans leurs moindres détails aide à se centrer autant que la méditation », si nous travaillons dans cet esprit. Si vous pensez que vous n'avez pas le temps de vous asseoir pour méditer, que le balayage du plancher est une bonne excuse pour ne pas chercher à communier avec votre esprit justement, sachez que si vous accomplissez vos tâches avec vénération, ce ne sera pas seulement votre maison qui en sera transformée...
La déesse sait ce qui est nécessaire à la bonne tenue d'une maison, et elle revêt tout cela d'un caractère sacré. Pourquoi ne pas suivre son exemple ?