Prendre de l’âge n’est pas un naufrage.
Même s'il existe une image stéréotypée, vieillir est avant tout un état auquel il est essentiel se s'introduire, de s'installer, de s'adapter. C'est le moment de prendre une nouvelle vitesse de croisière. Un temps certes irréversible qui compte parmi les modes d'expression de la vie.
Cette « vieillesse exécrable », selon Sophocle, se trouve adoucie quand l'Abbé de Chaulieu écrit : « Pour mon arrière saison, je ne vois et n'envisage que le malheur d'être sage ».
Prendre de l'âge fait donc partie du contrat de la vie. On a beaucoup écrit sur ce processus inéluctable où la peur du futur s'installe. Difficile de découvrir le remède idéal à cette vision des choses. Mais qu'est-ce que le futur sinon un continuel présent à cultiver en soi ? Le temps de santé est celui que l'on vit.
La véritable peur porte beaucoup sur la qualité de la vie que sur son cheminement plus ou moins tardif. Les données de l'état civil, les possibilités de la médecine existent, mais la volonté, la persévérance sont entre les mains de l'homme lui-même. Et puis les destins sont là, inégaux, distincts comme autant de tissus humains, de cas particuliers à observer et à gérer.
On a trouvé des facteurs inévitables : la vie se ralentit par des déchets accumulés, mauvais recyclage de ce qui a mal brûlé, c'est une des raisons pouvant expliquer que la moyenne de vie est de 40 ans inférieure à ce qu'elle devrait être sur un plan physique. On a évoqué des tâches cellulaires s'opposant au jeu des fonctions normales.
Sur un plan psychologique, on sait aussi que l'avenir n'est plus à gagner.
Panais Istrati nous rassure : « C'est faire confiance à la vie que se mesurer avec l'impossibilité ».
Ces évidences ne doivent pas entamer la détermination propre à chacun d'entre nous.
« Avançons avec optimisme ! Le désespoir n'existe pas ;
derrière les nuages, il y a toujours le soleil ».
Chaque personne après 50 ans devrait écrire ces mots en lettres d'or sur son miroir. Ne devenez pas méfiant ou hostile, dominé par l'image d'une société où, sans appel, les actifs supporteraient le poids des non actifs.
Lorsque l'on avance en âge, il est évident que l'on souffre d'affections diverses, souvent associées entre elles, réagissant les unes sur les autres, on pourrait les unes au-dessus des autres. Savoir s'adapter aux changements de situations, de milieux, devient alors une vertu. Si vous êtes parmi les heureux élus de la sagesse, vous pouvez traverser ce chemin avec optimisme et sérénité.
Si vous êtes exigeant ou rigide de caractère, votre présence peut être perçue sans bienveillance ; vous cherchez à mettre du poids autour de vous, à capter les meilleurs soins, mais la route est incertaine et vous n'êtes pas assuré de recevoir du médecin ou de l'hôpital les soins appropriés à votre état.
Les maladies chroniques se doublent vite de détérioration psychique. L'appareil physique s'use en premier, le courage en second. L'appel au médecin se fera autour des symptômes précis gênants, plaintes locales, et l'apaisement qu'il apporte ici s'accompagnera souvent d'un abus de remèdes.
Pour le Pr Vignalou, « les médicaments utilisés chez l'adulte peuvent l'être chez les personnes âgées, mais en observant une réduction des doses qui va souvent du tiers à la moitié ».
Cette sagesse a du mal à se faire entendre ! Il est évident que le sujet âgé a des symptômes où assistance réelle et souci de confort se confondent. La disparition d'un symptôme n'a pas nécessairement le sens du retour à la santé.
Comprendre pour prolonger la vie.
La sénescence n'est pas une maladie mais elle peut mener à des quantités d'affections & à la sénilité. Il est important de bien distinguer la gérontologie, qui définit la physiologie du vieillissement, et la gériatrie, qui s'intéresse au vieillissement pathologique clinique.
Plusieurs mécanismes de vieillissement existent : on ne vieillit pas de façon homogène. Au niveau des tissus glandulaires ou nerveux, les composants des molécules s'altèrent et des performances physiologiques ou psychologiques diminuent. Les différents tissus ne vieillissent pas à la même vitesse. A partir de 30 ans la masse des tissus les plus actifs (muscles, foie, rein) s'affaiblit. Sous la peau, qui s'amincit, les tissus de soutien conjonctif, appelés collagène, se raréfient.
Petit à petit les sensations qualitatives & quantitatives s'abaissent. Le temps de réaction devant le plaisir n'est plus spontané. Il s'allonge.
Colette ne parlait-elle pas, dans
Les opérations intellectuelles s'affaiblissent ; en lisant on tatillonne, on se disperse, puis on n'enregistre plus. Ensuite peut survenir le grand trou noir de la mémoire.
Peuvent apparaître aussi à cet âge, en grands ennemis de cette tranche de vie, l'isolement, la solitude, bien supérieurs à la nutrition ou aux artères. Deuils & solitudes sont des adversaires reconnus, et la vie devient bien douloureuse.
Il est difficile, aussi bien pour le meilleur des médecins que pour les biologistes, de fixer le moment précis où l'homme rentre dans la phase du 3e âge. Il y a des vieillards à 23 ans et des gens alertes, porteurs d'une jeunesse de vie à 80 ans. Des radiographies montrent chez des sujets jeunes des lésions arthrosiques. Les premiers mouvements du réveil sont déjà raides, alors que bien des sujets âgés demeurent étonnamment souples.
La vie est le maintien contre l'agression du monde extérieur. Ces moyens de défense peuvent être naturels (nos chromosomes), d'autres sont acquis. La sénescence apparaît lorsque ces moyens s'altèrent, ou tombent en faillite.
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