Électricité : Quand leur facture de régularisation explose ...
... des clients de fournisseurs alternatifs s'indignent …
C'est un coup de massue en plein cœur de l'été. Des milliers de clients dénoncent depuis plusieurs semaines les sommes astronomiques demandées par leur fournisseur d'électricité après régularisation de leur facture. Dans le pire des cas, la note peut monter jusqu'à 10.000 euros.
Des milliers de clients s'indignent face au montant de leur régularisation d'électricité
Vous êtes peut-être tombés de votre chaise en recevant votre dernière facture d'électricité. Si c'est le cas, vous n'êtes pas les seuls. Depuis plusieurs semaines, des milliers de clients de fournisseurs alternatifs (hors EDF) reçoivent leur régularisation. Sauf que les montants de ces factures explosent au-delà de ce qu'ils ont réellement consommé. Des montants à quatre voire cinq chiffres s'affichent en bas de la feuille. Ces cas sont de plus en plus nombreux, selon le médiateur national de l'énergie.
Sur les réseaux sociaux, les clients choqués par les montants demandés expriment leur colère. Des centaines de messages de leur facture sont postées : 3.231 euros de régularisation pour l'un, 4.402 euros pour l'autre et dans des cas exceptionnels jusqu'à près de 10.000 euros. D'autres montants sont plus modestes, mais la différence entre deux factures est impressionnante, comme cet internaute qui est passé d'une facture de 85 euros à une régulation de 394 euros.
Parmi ces clients mécontents, il y a Anthony et Elise, joints par franceinfo. Ils habitent au Havre (Seine-Maritime) avec leurs quatre enfants. Le 5 juillet dernier, ils ont découvert avec stupeur le montant de leur régularisation : 1.600 euros. "C'est une très grosse somme, c'est l'équivalent d'un salaire", déplore Anthony.
Client chez Eni, fournisseur italien, le couple se sent floué et se dit victime d'une injustice, car cette hausse de leur facture n'est pas du tout liée à une surconsommation.
"Nous avons consommé seulement 7.000 kwh sur les 10.200 estimés à la base, précise Anthony, depuis trois ans, on fait des efforts : on a installé un poêle à bois, on est passé aux LED et on a installé un ballon d'eau chaude solaire" énumère le Normand.
En Seine-et-Marne, Vincent Audigier a vu son échéancier augmenter de dix euros par mois seulement pour une régularisation finale de ... 9.200 euros alors qu'il avait moins consommé que son estimation en début de contrat.
Il a décidé de créer un collectif composé de 70 clients dont les factures ont explosé.
"J'étais dans une situation extrême, raconte-t-il, il y a des situations à 4.000, 1.640, 3.100 ou 7.140 euros. La moyenne, c'est autour de 2.500 euros" poursuit Vincent. "Il y a tout plein de montants, mais la méthode est toujours la même".
Vincent Audigier a créé un collectif et a engagé des négociations avec Eni © Radio France - Willy Moreau
Comment expliquer cette hausse ?
L'un de ces fournisseurs d'électricité, l'entreprise Eni explique que le coût d'approvisionnement en électricité a augmenté et qu'elle a donc répercuté cette hausse au moment de la reconduction des contrats.
Au contraire, pour les autres clients qui n'ont pas encore reconduit leur contrat, "les conditions tarifaires et contractuelles n'ont pas évolué" assure Eni auprès de franceinfo.
L'association de consommateurs UFC Que-Choisir rappelle que "beaucoup de fournisseurs alternatifs proposent des offres à coûts variables". Ces offres sont "soit indexées sur le tarif réglementé de vente [...], soit indexées sur le marché de gros, soit ce sont des prix variables fixés tous les mois" indique sa présidente Marie-Amandine Stévenin, ce vendredi.
Il est donc nécessaire de bien faire attention lorsque l'on choisit son offre :
"Le tarif variable, il faut regarder sur quoi il est indexé et s'il est plafonné dans son augmentation, conseille-t-elle, certains tarifs ne sont pas plafonnés et donc on ne limite pas l'augmentation, ce qui explique l'explosion des factures d'électricité pour certains consommateurs"
D'après Guillaume Kasbarian, député Renaissance à l'Assemblée nationale, la hausse des factures est aussi à mettre sur le compte de "la réduction du bouclier tarifaire" qui permettait de limiter la hausse des factures des entreprises et des particuliers. "Il n'est pas totalement supprimé, il a été réduit et c'est cette réduction qui a mené à une hausse de la facture" explique le président de la Commission des Affaires économiques ce vendredi sur franceinfo.
Les prix ont donc augmenté de 15% en février et ont augmenté de nouveau de 10% au 1er août.
Les clients touchés dénoncent un manque de transparence
Malgré les explications d'Eni, Vincent Audigier considère que le fournisseur italien n'a pas été transparent. Pour le justifier, il invoque un courrier envoyé par Eni le 7 août 2022.
"C'est écrit qu'on leur a fait confiance et ils nous remercient. Mais à compter du 7 septembre, Eni fait évoluer les conditions de l'offre indexée sur les tarifs réglementés de vente" lit Vincent. "Quand bien même on a pris connaissance de ce courrier en temps et en heure, on ne comprend rien" juge-t-il.
La loi stipule que les fournisseurs doivent prévenir leurs clients un mois avant et de manière claire : "Si le fournisseur envoie juste un mail en disant 'les prix augmentent de 20%', on considère que l'information n'est pas correcte" confirme Caroline Keller, responsable du service information et communication au médiateur national de l'énergie (MNE) au micro de franceinfo.
Avec son collectif, Vincent Audigier a engagé des négociations avec Eni.
"Si la réclamation n'aboutit pas, on peut saisir le médiateur de l'énergie" ajoute Marie-Amandine Stévenin, présidente d’UFC Que-Choisir qui conseille de "garder une trace écrite si on négocie avec le fournisseur. Il est possible de se faire accompagner par une association de consommateurs".
Une fois le litige résolu, le consommateur a aussi le droit de partir "s'il ne veut pas de ce nouveau tarif" affirme Marie-Amandine Stévenin.
Des litiges de plus en plus nombreux
Malgré les saisines, Eni fait partie des fournisseurs qui ont fait des efforts selon le médiateur de l'énergie. L'entreprise italienne assure d'ailleurs prendre "en compte l'ensemble des remontées" des clients "afin de leur offrir une communication la plus claire possible". Elle dit aussi mettre "en place l'ensemble des recommandations de la Commission de régulation de l'énergie et du médiateur national de l'énergie".
Eni n'est pas le seul fournisseur pointé du doigt par le médiateur. L'année dernière, Mint Energie, Méga Energy et Wekiwi ont été mis en cause à plusieurs reprises pour un manque de transparence. Les litiges ont aussi tendance à augmenter chez Engie. La tendance est globale, constate Caroline Keller : "En 2022, on a reçu 5.000 litiges qui sont liés aux prix appliqués, deux fois plus que l'année d'avant. Sur 2023, on est sur la même tendance".
Cette dynamique devrait se poursuivre dans les prochains mois, voire les prochaines années, selon le médiateur de l'énergie, en raison de la fin progressive du bouclier tarifaire et la hausse de 10% en août du tarif régulé de l'électricité.
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