COULEURS-DE-LA-VIE

COULEURS-DE-LA-VIE

Expressions populaires * Séries * O * P *

  * Un OLIBRIUS.

 

Qu’est-ce que c’est que cet olibrius ? Un drôle de type, à la fois bizarre, douteux, un peu ridicule.

 

Dans les mystères du Moyen Age, il représentait le fanfaron, le bravache. Son modèle, le Romain Olibrius, gouverneur des Gaules, participa à la persécution des chrétiens ordonnée par l’empereur Decius.

Ste Reine aurait été décapitée sur l’ordre de cet Olibrius, « occiseur d’innocents ».

 

* Le PACTOLE.

 

« C’est un vrai pactole » : une source d’enrichissement considérable et assez inespéré.

Et si « ce n’est pas le Pactole », c’est que le revenu, le rendement, la situation ne sont pas aussi importants que ce que l’on escomptait.

 

Le Pactole était une rivière aurifère de Lydie, qui prenait sa source au flanc du mont Tmolos, aujourd’hui Boz Dag, en Turquie. C’est au Pactole que le roi Crésus aurait dû ses fameuses richesses.

 

* Regarder un combat du mont PAGNOTE.

 

Regarder les choses de loin, en spectateur, bien à l’abri, en sorte de ne courir aucun danger.

 

Réputation que l’on a faite au soldat italien qui, sous prétexte d’aller chercher du ravitaillement, de la pagnotta (miche de pain), s’éloigne volontiers du combat.

 

* La boîte de PANDORE.

 

La source de bien des catastrophes sous une apparence souvent trompeuse de charme & d’innocence.

 

Les dieux envoyèrent sur terre la belle Pandore, la 1ère femme crée par Vulcain, porteuse d’un coffret renfermant tous les maux, avec interdiction de l’ouvrir. Comme Eve, dont elle est l’ancêtre mythologique, Pandore désobéit. Elle souleva le couvercle de la boîte fatale et tous les fléaux, qui nous accablent désormais, en sortirent.

Il ne resta au fond, blottie dans un coin de la cassette, que l’Espérance pour faire patienter les humains.

 

* Les moutons de PANURGE

 

Désigne ceux qui, perdant toute individualité, suivent et imitent la majorité, le troupeau.

 

« Panurge, sans autre chose dire, jette en pleine mer son mouton criant et bêlant. Tous les autres moutons, criant et bêlant en pareille intonation, commencèrent à se jeter et sauter en mer, après la file.

La foule étant à qui le premier y sauterait après leur compagnon » (Rabelais : Le Quart Livre, chapitre XIII).

 

Quelle meilleure illustration du grégarisme ?

 

* Le premier moutardier du PAPE.

 

« Se croire ou se prendre pour ». Etre plein de soi, de sa position, indûment fier. Se donner l’air d’occuper une situation importante, d’un grade élevé, alors qu’il n’en est rien.

 

Pape d’Avignon de 1316 à 1334, Jean XXII (le Cadurcien Jacques Duèse) avait créé à sa Cour la charge de « premier moutardier » en faveur de son petit-neveu.

Etait-ce qu’il raffolait de la moutarde ou par népotisme ? – L’histoire douteuse ne le dit pas …

 

* La flèche du PARTHE.

 

Mot méchant, trait ironique, dure vérité lancée en se retirant, qui atteint au cœur celui qui prend congé et qui ne s’y attendait pas.

 

Les Parthes, redoutables cavaliers, usaient d’une cruelle & habile ruse de guerre. Feignant la retraite, ils lançaient leurs flèches en arrière, par-dessus leur épaule, sur l’ennemi qui les poursuivait.

 

* Le grain de sable de PASCAL.

 

« A petite cause grand effet », ou il faut peu de chose, il suffit d’un hasard, pour changer la face du monde.

 

Plus exactement il s’agit du grain de sable de Cromwell. Mais c’est Pascal qui a écrit la phrase célèbre : « …Sans un petit grain de sable qui se mit dans son urètre… »

En effet, Cromwell mourut d’un calcul urinaire : la République anglaise disparut avec lui et la royauté fut rétablie.

 

* Enfourcher PEGASE

 

Faire de la poésie. Se lancer dans l’inspiration lyrique, plus ou moins bien venue.

 

Pégase, cheval ailé, né du sang de Méduse lorsqu’elle eut la tête tranchée par Persée, fit jaillir d’un coup de sabot, sur le mont Hélicon, la fontaine Hippocrène, à laquelle se désaltérèrent les Muses, nourrice des poètes.

 

* Ses PENATES

 

Ils représentent la maison, le foyer, la patrie. On les quitte ou on les retrouve. On les transporte quand on les déménage.

 

Les pénates étaient les dieux chez les Etrusques & les Romains. Du fond de l’atrium, ils veillaient sur la famille.

Les pénates publics, installés dans le temple de Vesta, protégeaient la cité, l’Etat.

 

* Un travail de PENELOPE.

 

Un ouvrage dont on ne voit jamais la fin, inutilement recommencé, vain.

 

Pénélope, l’épouse fidèle d’Ulysse, promit aux prétendants à sa main qu’elle fixerait son choix lorsqu’elle aurait terminé la broderie qu’elle avait sur le métier. Mais elle défaisait la nuit le travail du jour.

La ruse dura 20 ans, jusqu’au retour de son héros.

 

* C’est ou ce n’est pas le PEROU.

 

Gain, fortune, bénéfices considérables, exagérés par l’imagination. Le « Pérou » entretient de fols espoirs et provoque aussi de grandes déceptions.

 

La quantité d’or, d’argent et de produits précieux rapportés par les galions espagnols au XVIe siècle, après les conquêtes de Pizarre, frappa les esprits. Le Pérou devint le symbole de l’enrichissement & de la réussite.

 

* La cour du roi PETAUD

 

Assemblée, lieu où règnent le désordre, la confusion, l’anarchie. Chacun veut commander et nul n’écoute.

 

Au Moyen Age, le mot « roi » s’entendait dans le sens de chef. Chaque corporation avait son roi, les fous et les gueux également. Le roi des mendiants, surnommé par dérision Pétaud, tenait son nom soit du latin peto, je demande (l’aumône), soit tout simplement du verbe péter.

Après Rabelais, Molière cite également, par la bouche de Mme Pernelle, dans Tartuffe, la cour du roi Pétaud :

 

On n’y respecte rien ; chacun parle haut.

 

* Donner dans le PHEBUS ou parler PHEBUS.

 

S’exprimer dans un langage sophistiqué, prétentieux, en fin de compte obscur, confus.

 

A Delphes, les paroles de l’oracle, dans le temple consacré à Apollon/Phébus, étaient, pour le profane, sibyllines.

 

L’expression vient aussi d’un Traité intitulé Miroir de Phébus, écrit au XIVe siècle par Gaston de Foix, dans un style aussi ampoulé qu’obscur.

 

* Un PHILISTIN.

 

Petit bourgeois (balzacien ou labichéen) aux vues étroites, mesquin, terre à terre, le contraire de l’idéaliste, du poète, de l’artiste.

 

Les étudiants allemands, méprisant toutes les personnes étrangères à l’Université et à la « Kultur », les traitaient de Philister. De l’hébreu Phelichti (les Philistins), peuple occupant en Palestine la région de Gaza, ennemi d’Israël (du XIe au Ixe siècle av. J.-C.).

Pour les jeunes romantiques de 1830 était philistin le vulgaire, l’homme inculte ou tout simplement opposé à leur révolution littéraire.

 

* Sur le PINACLE.

 

On peut « être porté au » ou « se croire sur le pinacle ». Dans une haute position, au sommet d’une carrière, de la fortune, des honneurs, du pouvoir, de la gloire, et abreuvé de louanges.

 

C’était la partie la plus haute du temple de Jérusalem. Quand le démon voulut tenter Jésus, il l’y porta. « Le diable le transporta dans la ville sainte, le plaça sur le haut du temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas » (Matthieu, IV : 5-6. V. aussi Luc, IV : 9-10).

 

* Prendre le PIREE pour un homme.

 

Confondre sottement deux choses sans rapport l’une avec l’autre.

 

« Et le Pirée a part aussi

A l’honneur de votre présence ?

Vous le voyez souvent, je pense ?

-         Tous les jours : il est mon ami ;

C’est une vieille connaissance. »

Notre magot prit, pour le coup,

Le nom d’un port pour un nom d’homme.

 

(La Fontaine : Le singe & le Dauphin, Fables, Livre IV, 7).

 

* Un secret de POLICHINELLE.

 

Ce qui n’est un secret pour personne. Seuls quelques naïfs en font mystère.

 

Polichinelle, le pantin à 2 bosses, la plus populaire des marionnettes, né de farces napolitaines, est le bouffon par excellence, ivrogne, querelleur, menteur, qui parle à tort et à travers et à qui nul ne fait confiance.

 

* Le lit de PROCUSTE.

 

Méthode exemplaire de tyrannie lorsqu’on veut réduire tout le monde à sa loi.

 

Le brigand Procuste, grand détrousseur de voyageurs, usait de 2 lits de torture. Sur le plus grand, il faisait étendre les gens de petite taille et étirait leurs membres à l’aide cordages.

Le plus petit était destiné aux personnes de haute taille, auxquelles il coupait les pieds s’ils dépassaient.

Ce fut le héros Thésée qui débarrassa l’Attique de ce féroce brigand.

 

* Travailler pour le roi de PRUSSE.

 

Travailler, se donner du mal sans grand profit, presque pour rien.

 

Dans la tradition de Prusse, fort avaricieux, il semble que Frédéric II, dit le Grand, ait battu tous les records.

Lorsqu4il s’agissait de payer, les mois n’avaient que 30 jours et février 28. Il faisait ainsi un bénéfice de 7 ou 8 jours par an sur les gages de ses soldats.

 

* Une victoire à la PIRRHUS.

 

Un succès qui a coûté trop cher pour être avantageux.

 

Pyrrhus, roi d’Epire (l’Albanie et une partie de la Grèce), débarqua dans le sud de l’Italie (280-279 av. J.-C.), battit les Romains par 2 fois mais au prix de pertes considérables. « Encore une victoire comme celle-là et je suis perdu », dit-il, après Ausculum.



12/04/2008
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