Pourquoi cette Prophétie de 2012 a-t-elle autant de succès ?
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"La peur de la fin du monde a une fonction sociale"
Bernard Werber, l'Auteur de Best-sellers, passionné de science-fiction et de futurologie, place le sujet de la fin des temps au cœur de son dernier livre, Le Miroir de Cassandre (Albin Michel).
Pour lui, si aucune catastrophe n'est à prévoir, une "nouvelle ère" est inéluctable.
La fin du monde est-elle pour demain ?
L'apocalypse pour 2012 est une prédiction populaire, notamment dans les courants "New Age", mais elle ne doit pas être interprétée au sens catastrophiste : il va se passer quelque chose selon le calendrier Maya, mais cela n'a pas l'air d'un cataclysme, plutôt un changement dans la conscience mondiale, le début d'un Nouvel Age.
Que signifie pour vous l'apocalypse ?
Le texte fondateur de Saint-Jean sous-entend qu'à la fin du monde le voile sera levé et l'homme verra la vérité. Voir la vérité impliquera que tous ceux qui vivaient dans l'illusion en seront tellement bouleversés que ce sera comme une mort.
Cela correspond aussi à l'arcane 13 du tarot, qui représente un squelette. Une carte qui fait peur, mais qui est en fait synonyme de changement complet. L'apocalypse, c'est la chute des puissants qui vivent dans l'arrogance, l'apparition de nouvelles valeurs et non la destruction de la planète avec la collision d'une météorite, par exemple.
Adhérez-vous à d'autres croyances ?
J'aime bien la prophétie de Jean de Vézelay, qui fut l'un des premiers templiers. En 1066, il écrit qu'une fois que le monde sera allé au bout de ses erreurs, il apparaîtra, après une période de remise en question douloureuse, une nouvelle manière de gérer les rapports humains : renoncer à la croissance pour passer à la notion d'harmonie. Actuellement, nous vivons avec cette idée qu'il faut toujours croître, être plus nombreux, plus riches, plus puissants. La croissance cause notre destruction.
"Les démocraties sont fragiles"
Les peurs millénaristes ont-elles fait avancer l'humanité ?
A l'époque du christianisme, la peur de la fin du monde était très utile. En 999, les prêtres catholiques l'avaient annoncé pour l'an mille. Beaucoup d'aristocrates ont alors donné toutes leurs richesses à l'Eglise en espérant aller au paradis. C'est sur cette peur millénariste que l'Eglise catholique occidentale s'est construit une cagnotte, qui lui a ensuite permis de bâtir les cathédrales.
Certains continuent à croire en ces théories
qui ne se produisent jamais.
On ne tient jamais compte du passé, on agite toujours les mêmes craintes. En 2030, on pourra à nouveau nous annoncer une fin prochaine, et on mordra encore à l'hameçon. La peur apocalyptique a une fonction sociale, elle permet de relativiser nos problèmes et du coup nos petits tracas, nos angoisses, nos soucis au boulot et en amour s'estompent. Cela explique aussi le succès des films catastrophe. Ils sont révélateurs des angoisses contemporaines. C'est une forme de catharsis ludique qui permet d'exorciser le mal. Assister à la fin du monde en version condensée nous prépare psychologiquement au pire.
Pourquoi cette prophétie de 2012 a-t-elle autant de succès ?
Il y a toujours eu des annonces de fin du monde, peut-être que celle-ci a été cristallisée plus fort du fait d'Internet, qui a exacerbé toutes les paranoïas. La fin du monde en l'an 2000 avait connu un buzz moins important. Beaucoup d'internautes mal intentionnés jouent sur les peurs, versent de l'huile sur le feu. Les démocraties sont fragiles, faciles à déstabiliser en créant une perte de confiance. En temps de crise, c'est démultiplié. C'est pourquoi les théories du complot pullulent sur le Net : on peut y lire que 2012 est une date planifiée par les maîtres du monde, les services secrets, la Nasa …
On accorde beaucoup de pouvoirs à la Nasa, tout cela est de l'ordre du fantasme alors que ce sont avant tout des scientifiques.
Ne sommes-nous pas les premiers responsables
de notre fin annoncée ?
Oui, il n'y a pas besoin d'une collision avec un astéroïde géant pour courir à notre perte. L'homme s'y emploie tout seul. Il n'a de comptes à rendre qu'à lui-même, d'où l'urgence écologique.
Mais personne n'a le courage d'évoluer, on préfère attendre qu'une sorte de foudre nous frappe pour secouer la fourmilière et créer un nouvel ordre.
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