Lettre à toi qui penses à baisser les bras
par Christophe Peiffer
Si tu envisages de baisser les bras face aux difficultés que tu rencontres en ce moment dans ta vie ou dans la réalisation de tes projets, alors lis cette lettre.
J’ai bien entendu derrière les mots que nous échangions récemment que ton chemin de vie semble devenir de plus en plus chaotique. Tu fais pourtant beaucoup d’effort pour aller de l’avant et surmonter les petites et grandes épreuves qui s’interposent entre toi et le cap que tu t’es fixé au départ. Du coup, tu commences à éprouver tout un mélange d’émotions et de sentiments allant de la simple contrariété au désespoir le plus profond. Le ciel de ton humeur s’assombrit de plus en plus au fur et à mesure que les journées glissent entre tes doigts comme le contenu d’un sablier. Et à nouveau, tu as cette pensée qui surgit dans ton esprit, que tu essayes de chasser (en vain) et qui te murmure : “Abandonne. Tu n’y arriveras jamais”.
Entendons-nous bien. Loin de moi l’idée de te convaincre de ne pas baisser les bras ; je sais que tu es allergique à tous ces discours de pseudo-motivation tous plus culpabilisants les uns que les autres. Et puis tu sais bien que ce n’est pas trop mon style.
Non, s’il y a une humble intention derrière ces quelques lignes que je partage, c’est celle d’éclairer au mieux ta décision. Que tu puisses mettre le plus de conscience possible sur ta situation et agir avec un minimum de discernement et de lucidité.
Avant de baisser les bras : Tout est changement
Nous avions déjà parlé du changement lors de nos précédents entretiens. Rappelle-toi que les transformations que tu opères chez toi comme dans ton environnement mettent un certain temps avant de se stabiliser. Le chaos apparent que tout ceci engendre dans ta vie est un phénomène très “logique” si on regarde de là où tu as démarré. C’est un peu comme les boules à neige, ces petits bibelots avec des bulles en verre où est représenté un paysage avec de la neige. Tu secoues le truc et il faut un peu de temps avant que la neige retombe et se pose tranquillement au sol.
Pour les changements que tu mets en place dans ta vie, c’est un peu pareil. Tout ça crée du mouvement, voire du chamboulement dans ta vie et ce n’est pas toujours très confortable, ni très reposant. Pour autant, dans ces moments d’inconforts où tu penses baisser les bras, je t’invite à te reconnecter au cap que tu as défini au départ et à te remémorer tous les bénéfices que tu vas en tirer. Cela te permettra de rester aligné avec ce qui est vraiment important pour toi et de laisser passer les turbulences.
Ce que je veux te dire par là, c’est que la période difficile que tu vis aujourd’hui se terminera forcément à un moment donné. Le philosophe grec Héraclite d’Éphèse disait que rien n’est permanent, sauf le changement
Je trouve cette pensée très à propos actuellement.
Avant de baisser les bras : Faire la différence entre persévérance et obstination
Tu soulèves aussi la question pertinente de la différence entre persévérance et obstination. La confusion s’installe aussi en toi quand tu entends tous les discours liés au fameux “lâcher-prise” (dont je ne suis pas totalement étranger non plus, je le reconnais).
Alors, comment savoir quand on persévère et quand on s’obstine ? Et comment savoir s’il faut lâcher-prise ou persévérer ? Tu touches là l’un des nombreux paradoxes peu évoqué ni traité dans le développement personnel.
Tout d’abord, voyons quelles différences je fais entre la persévérance et l’obstination.
Quand tu restes motivé par le cap que tu as choisi au départ, tout en accueillant et en tenant compte des inévitables tracas qui s’imposent à toi et veulent te barrer la route, alors tu es dans la persévérance.
Quand tu analyses avec lucidité les expériences désagréables que tu vis en ce moment pour en tirer un apprentissage et agir différemment la fois d’après, alors tu es dans la persévérance.
Quand tu es capable de poursuivre ta route tout en sachant écouter les remarques constructives que tu entends autour de toi, alors tu es dans la persévérance.
Attention, j’ai bien dit “constructives”. Nous en avions déjà parlé et (tant que possible) évite les personnes qui te tirent vers le bas ou que tu identifies comme nuisibles pour ton équilibre.
Quand tes actions sont essentiellement orientées vers ton objectif sans te préoccuper de toutes les secousses qui viendraient titiller ton Ego (et ses cousins Amour-Propre et Orgueil) , alors tu es dans la persévérance.
Quand tu es capable de remettre en question certaines de tes convictions et de tes valeurs pour continuer à avancer avec fluidité vers ton objectif, alors tu es dans la persévérance.
Et donc
Quand tu t’entêtes à avancer vers ton objectif en ignorant plus ou moins volontairement les situations qui t’indiquent un risque ou un danger à venir pour ton écologie personnelle, alors tu es dans l’obstination.
Quand tu ignores ou réagis avec émotion à une remarque ou une suggestion t’invitant à reconsidérer le chemin pour atteindre ton objectif, alors tu es dans l’obstination.
Quand l’idée de prendre une autre voie ou même de lâcher-prise sur ton objectif, génère en toi la peur de perdre quelque chose (une relation, un confort, un avantage, un bénéfice, une croyance, etc.), alors tu es dans l’obstination.
Quand l’estime que tu as de toi est uniquement conditionnée par la réussite de ton objectif, alors tu es dans l’obstination.
Quand des mots comme “coûte que coûte”, “à tout prix”, “sacrifice”, “peu importe”, “il faut que”, “je n’ai pas le droit”, arrivent dans tes pensées, alors tu es dans l’obstination.
Et enfin, concernant le lâcher-prise, j’ai envie de te dire que, précisément, c’est en lâchant-prise sur l’obstination que tu parviendras à être persévérant pour atteindre ton objectif. Bon c’est une jolie pirouette que je te fais là, mais elle peut avoir du sens
Avant de baisser les bras : Tu as aussi le droit de faire des pauses
Oui, tu es en chemin. Oui, tu es pressé de sortir de cette période difficile que tu traverses. Oui, tu te serais bien passé de ce qui t’arrive en ce moment. Je ne connais personne qui prend son pied quand il est en proie au doute, à la perte d’espoir et à l’envie de baisser les bras.
Et en même temps, tu as aussi le droit de faire une pause. Cette pause, que tu peux aussi considérer comme une parenthèse dans ta vie, te permettra de prendre de la hauteur sur le chemin que tu as parcouru jusqu’à maintenant. Elle te donnera le temps nécessaire pour comprendre ce qui t’a amené dans ce creux de vague et surtout comment établir de nouvelles stratégies pour t’en sortir.
Je te propose une métaphore pour illustrer mon propos.
Regarde comment font les archers avant de tirer leur flèche vers la cible. Entre le moment où ils encochent la flèche, bandent leur arc et lâchent la corde, il y a ce petit temps de concentration et de focalisation qui leur permet d’évaluer si toutes les conditions sont remplies pour prendre la décision de tirer. S’ils étaient dans la précipitation, ils ne pourraient pas corriger leur posture, ajuster leur angle de tir, calmer leur respiration ou se sentir bien ancrés sur le sol. Ce temps de pause leur est nécessaire pour prendre en compte l’existant, en tirer des informations, corriger ou ajuster ce qui doit l’être et enfin prendre la décision de lâcher la corde. Le résultat ne leur appartient plus. C’est aussi à ce moment-là que se trouve le fameux lâcher-prise.
Si je replace cette image dans ton contexte, je t’invite donc à prendre un temps pour toi et regarder posément là tu en es actuellement. Il s’agit de faire un état des lieux de toutes ces choses qui créent du déséquilibre et du doute en toi et te donnent l’envie de baisser les bras. Cet inventaire te donnera les informations nécessaires pour corriger et ajuster ce qui doit l’être en priorité. Tu pourras alors décider de passer à l’action afin de remettre le pied à l’étrier et reprendre ta vie en main.
Je sais, c’est facile de te raconter tout ça quand je ne suis pas dans ta situation. Et pourtant, c’est précisément parce que je ne suis pas dans ta situation aujourd’hui que je peux t’accompagner dans cet espace de réflexion et de prise de recul que je te propose là.
Comme je te le disais au début de ma lettre, loin de moi l’idée de te faire changer d’avis si ton vœu est de baisser les bras ou d’abandonner ton objectif. Je ne considère pas avoir ce super-pouvoir. J’espère simplement avoir pu éclaircir quelques zones un peu floues que je retrouve très souvent chez les personnes que j’accompagne et qui ont eux aussi parfois envie de baisser les bras. Si j’ai pu t’en faire bénéficier aujourd’hui et qu’à la fin de cette lettre, tu envisages les choses autrement, alors je pourrais dire que, grâce à toi, mon vœu aura été exaucé.
Je te souhaite le meilleur.
Christophe
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